HOMMAGE AU GRAND RABBIN RENE SAMUEL SIRAT z’l

« Moché et Aharon parmi les prêtres et Chemouel parmi ceux qui invoquent Son nom »

Qui n’a pas pensé à ce verset pour suggérer que le Grand rabbin Sirat z’l qui portait le même nom que le prophète Chemouel s’était quasiment identifié à lui, et qui, contrairement à Moïse qui avait « déplacé sa tente » se rendait de ville en ville, toute l’année durant à la rencontre de ses frères. Or il y avait aussi en lui la grandeur de Moïse et sa modestie en tant que Rav, l’amour du prochain de Aharon, avec une égale affabilité et accessibilité pour tous, et la probité morale de Chemouel qui n’hésita pas à prendre des risques pour dire la vérité, lorsque celle-ci s’imposait. Et tout cela avec la conviction d’appréhender les temps messianiques qui pour lui s’étaient manifestés lors de la réunification de Jérusalem. Nul doute qu’il devait son inspiration à ses maîtres, en particulier le Rav Rah’amin Naouri z’l, et à ses condisciples parmi lesquels on retiendra surtout les grand rabbin Emmanuel Chouchena, Samuel Naouri, Roger Kahn et Alain Goldmann z’l.

Universitaire reconnu, tant à Jérusalem, à Paris qu’à Strasbourg, il dirigea l’enseignement de l’hébreu à l’INALCO, et y poursuivit, l’œuvre d’André Neher commencée ensemble avec lui et Manitou, faisant entrer l’hébreu moderne dans l’Université qui jusqu’ici était considéré comme une langue morte. On lui doit également, la multiplication des jardins d’enfants et des écoles juives durant son mandat de grand rabbin de France. Militant pour la libération des « Prisonniers de Sion » comme au sein du dialogue judéo-chrétien, il se distinguera par ses prises de positions courageuses, en particulier lors de la crise du Carmel d’Auschwitz et des déclarations de Mgr Lustiger promu Archevêque de Paris.

Attaché fidèlement à l’Etat d’Israël, ses appels au dialogue entre Israéliens et Palestiniens resteront cependant inaudibles. Grâce à l’action du Grand rabbin Abba Samoun z’l et de Robert Galley, il verra l’ouverture de l’Institut européen Rachi qu’il dirigera jusqu’à son Alya. Il restera, pour l’ensemble du rabbinat français, un guide dont l’action, tel un livre, mériterait d’être lue, méditée, et repassée, afin de s’inspirer des voies qui lui ont permis d’assumer une vie aussi exceptionnelle. Puisse son souvenir être une bénédiction !

Grand rabbin René Gutman