Le célèbre écrivain israélien Shmouel Yossef Agnon, appelé Shaï Agnon, lauréat du prix Nobel de littérature en 1966, est né le 18 Av 5648 (26 juillet 1888) dans la ville de Buchach (Buczacz), qui se trouvait alors au sein de l’empire austro-hongrois et qui se situe actuellement en Ukraine.
Son père, Shalom Mordechai Halevy Czaczkes, qui était rabbin et proche du mouvement hassidique, gagnait sa vie dans le commerce de la fourrure. Les parents d’Agnon ont beaucoup investi dans l’éducation de leur fils : l’enfant, qui n’allait pas à l’école, recevait son instruction scolaire à domicile. Il a étudié les textes juifs et également les écrits de la Haskala* et suivait des cours d’allemand.
Dès l’âge de huit ans, Shaï Agnon a commencé à écrire en hébreu et en yiddish. Il a publié son premier poème à l’âge de 15 ans et a poursuivi ensuite son œuvre littéraire, poèmes et récits, parue en Galicie.
En 1908, le jeune écrivain s’est installé à Yaffo, en Palestine ottomane, et y a publié sa première histoire appelée ‘Agounot’, traitant des épouses abandonnées. Il s’est inspiré de ce titre pour adopter son nouveau nom de famille, rendu officiel en 1924.
En 1913, Agnon s’est établi en Allemagne, où il a rencontré Esther Marx (1889-1973), fille d’Alexander Marx. Les jeunes gens se sont mariés en 1920 et ont eu deux enfants. Le couple a vécu à Berlin et à Bad Homburg vor der Höhe (1921-24). Agnon a alors bénéficié de l’aide financière de Salman Schocken, un riche homme d’affaires et plus tard également éditeur, qui est devenu son mécène.
À partir de 1931, ses écrits ont été publiés par la maison d’édition « Schocken Books », et ses nouvelles paraissaient régulièrement dans le journal Haaretz, également propriété de la famille Schocken. En Allemagne, Agnon a continué à écrire des nouvelles, collaborant notamment avec Martin Buber sur une anthologie d’histoires hassidiques.
En 1924, un incendie s’est déclaré chez lui, détruisant ses manuscrits et sa collection de livres rares. La même année, Agnon a décidé de retourner vivre en Palestine. Il s’est alors installé avec sa famille dans le quartier de Talpiot à Jérusalem.
La parution de son roman ‘Hah’nassat Kala’ (‘la dot de la fiancée’) en 1931 lui a permis d’acquérir une véritable notoriété au sein de la littérature hébraïque. Ses œuvres suivantes ont également remporté un grand succès : ‘Une histoire simple’ (Sipour Pachout), ‘Seulement hier’ (Tmol Chilchom), …
Agnon a reçu deux fois le prix Bialik de littérature, en 1934 et en 1950. Il a également obtenu à deux reprises le prix Israël, en 1954 et en 1958.
Agnon avait un style littéraire très particulier, basé sur des sources juives traditionnelles, telles que la Tora, les Prophètes, le Midrach, la Michna, et les textes rabbiniques.
En 1966, lors de la remise du Prix Nobel de littérature, qu’il a partagé avec l’écrivaine juive allemande Nelly Sachs, il avait déclaré dans son discours que sa naissance dans ‘une ville de l’exil’ était due à la destruction de Jérusalem par Titus, qu’il avait qualifiée de ‘catastrophe historique’. Il avait ajouté : « Mais je me suis toujours considéré comme quelqu’un qui était né à Jérusalem ». La cérémonie à Stockholm a eu lieu le samedi, pendant les fêtes de H’anouka. Agnon, qui était un Juif religieux et pratiquant, a reporté sa participation à la remise des prix, attendant pour cela de réciter la prière de la Havdala (clôturant le Shabbat) et d’allumer les lumières de la Hanoukia.
Shaï Agnon est décédé à Jérusalem le 11 Adar I 5730, 17 février 1970. Après sa disparition, l’une de ses filles, Emouna Yaron, elle-même écrivaine, s’est occupée pendant trente ans des œuvres de son père, publiant les nombreux ouvrages qu’il avait laissés dans le cadre de sa succession. Elle avait alors expliqué : « J’ai reçu un merveilleux héritage et mon père m’a révélé qu’il s’y trouvait bien d’autres écrits encore plus beaux que ceux qu’il avait déjà publiés ». Emouna Yaron, mariée à Haïm Yaron, était la mère de deux enfants. Elle a reçu en 2014 le titre de citoyen d’honneur de la ville de Jérusalem. Elle s’est éteinte en 2015 à l’âge de 93 ans.
Après la mort d’Agnon, l’ancien maire (1959-1965) de Jérusalem, Mordechai Ish-Shalom (1902-1991), a décidé d’ouvrir la maison de l’auteur défunt au public. Au début des années 1980, la cuisine et la salle à manger familiale ont été transformées en salles de conférence et des soirées littéraires et culturelles y ont été organisées. En 2005, l’Association de la Maison Agnon à Jérusalem a rénové le bâtiment, qui a rouvert ses portes en janvier 2009. (Wikipedia)
*La Haskala est un courant de pensée adopté par les Juifs ashkénazes du XVIIIe et du XIXe siècle qui s’inspirait grandement du ‘mouvement des Lumières’. Avec l’arrivée de la Haskala au sein des communautés juives de la diaspora s’est opérée une ‘modernisation’ de la pensée juive. Elle avait notamment pour objectif de propager l’enseignement des sciences, de la philosophie et de la littérature. Elle proposait également des réformes de l’éducation traditionnelle, ce qui provoqua l’opposition de certains groupes de Juifs religieux et de leurs dirigeants.