Qui a déjà entendu parler du Comte Valentin Potocki (Valentine ou Walentyn Pototzki ou Pototski) qui a vécu au XVIIIe siècle (1720-1749) ? Il s’agissait d’un noble polonais converti au judaïsme, que l’Eglise catholique a condamné à périr sur un bûcher parce qu’il avait renié sa foi.
Le Dr Sofi Ben Artsi, écrivaine israélienne, dont les travaux sont généralement consacrés à l’époque de la Shoah, a décidé de relater, dans un roman qualifié d’historique, la destinée assez particulière de cet homme. Pour réaliser cet ouvrage, elle a effectué maintes recherches pendant plusieurs années. C’est ce qu’indique le site d’informations israélien Ynet.
Même si de nombreuses sources considèrent que l’histoire est véridique et qu’elle appartient à la tradition juive, certains ont émis des réserves sur son authenticité.
Valentin Potocki est né dans une famille noble polonaise connue et très influente. Ce serait lors d’un voyage à Paris avec son ami Zaremba, pour une mission secrète que leur aurait confiée le roi, qu’il aurait été exposé pour la première fois au monde juif. Selon diverses sources, le jeune homme, qui avait entamé des études à l’université, se serait rendu dans une taverne appartenant à un Juif religieux d’un certain âge qui profitait de chaque moment de libre pour étudier la Tora.
Le jeune chrétien, intrigué par le comportement du vieil homme, se serait senti attiré par son mode de vie et c’est là qu’aurait débuté sa quête d’identité qui l’a finalement conduit à se convertir au judaïsme.
Après avoir traversé des moments de doutes et de souffrances, Potocki s’est rendu finalement à Amsterdam où il s’est converti au judaïsme et a pris le nom d’Avraham ben Avraham. Après son retour à Vilna, il a décidé de s’installer dans la ville voisine, afin de ne pas être reconnu. Mais sa famille, ayant appris assez rapidement qu’il s’était converti, a tenté, avec l’aide de l’Eglise, de le faire revenir dans le giron du christianisme.
Malgré les sévices qui lui ont été infligés, raconte-t-on, il a refusé de revenir sur sa décision, ne souhaitant pas retrouver la richesse et les honneurs dus à son rang. Il restera donc un Juif croyant et pratiquant jusqu’à son dernier souffle.
D’après la tradition, le 7 Sivan 5519, 13 mai 1749, deuxième jour de Shavouoth, Avraham ben Avraham, condamné pour ‘hérésie’ à être brûlé vif, aurait proclamé la prière ‘Shema Israel’ (Ecoute Israël) avant de se jeter dans un feu ardent. L’Eglise catholique, qui considérait sa conversion au judaïsme comme une honte et un défi, aurait interdit qu’on enterre ses cendres. Un Juif généreux de la communauté aurait alors versé des pots-de-vin aux autorités religieuses pour que celles-ci acceptent finalement qu’une partie de ses restes soit ensevelie dans le cimetière juif local. Avant le décès tragique d’Avraham ben Avraham, le Gaon de Vilna, rabbi Eliyahou ben Shlomo Zalman, aurait demandé d’être inhumé à ses côtés.
Commentant ses travaux, le Dr Ben-Artzi a indiqué qu’elle avait essayé de « tracer les lignes possibles de la vie de son héros, en utilisant les connaissances et les détails historiques peu nombreux qui étaient en sa possession ». Elle a estimé qu’elle n’avait pas uniquement relaté la vie difficile et douloureuse d’un Guer (converti au judaïsme) mais qu’il s’agissait aussi de ‘l’histoire du destin du peuple juif en Europe’.