Menah’em Ussishkin: portrait d’un grand dirigeant sioniste

Menah’em Ussishkin, décédé le 11 Tichri 5702, 2 octobre 1941, était un dirigeant sioniste d’origine russe qui a été notamment, au cours de sa carrière, à la tête du Fonds national juif.  

Menah’em Ussishkin est né le 29 av 5623, 14 août 1863, dans la petite ville de Dubrowna dans la partie biélorusse de l’Empire russe. Sa famille, originaire de Vitebsk, appartenait au courant hassidique H’abad et était proche du rabbin Shnéour Zalman de Lyadi.

Lorsqu’il était encore enfant, ses parents ont décidé de s’installer à Moscou. Très jeune, il a été préoccupé par la question de son identité juive, influencé entre autres par la littérature consacrée au renouveau national du peuple juif. Il a d’ailleurs fondé une association pour la Aliya en Eretz Israël qui a ensuite fusionné avec le mouvement Bilou*. En outre, il était membre de l’association Benei Tzion, et a fait partie, plus tard, des dirigeants de l’Union des organisations des Amants de Sion (Hovevei Tsion) qui préconisaient la Aliya et l’établissement de villages juifs en Eretz Israël.

En 1891, il s’est installé à Iekaterinoslav, ancien nom de Dnipro, avant de se rendre à Vienne où il fit la connaissance de Theodor Herzl. En 1897, il a été nommé secrétaire du premier Congrès sioniste mondial, et a participé à un débat sur la formulation du plan de Bâle. Aux congrès suivants, il est devenu membre du Comité exécutif sioniste et a travaillé sans relâche pour introduire la langue hébraïque.  

Après le choc des pogroms de Kishinev dont il a été témoin en 1903, Ussishkin a fait une longue visite en Eretz Israël afin d’organiser et d’unir le Yishouv. En 1902, il a été élu à la tête du comité chargé d’acquérir des terrains en Eretz Israël pour les vendre à des particuliers. Cette élection a eu lieu lors de l’assemblée générale des Amants de Sion (Hovevei Tsion) à Odessa.

Au cours du sixième congrès sioniste, en 1903, Ussishkin s’est opposé au plan ougandais préconisé par Herzl. Après la Première Guerre mondiale, il était l’un des délégués juifs à la Conférence de la Paix qui s’est tenue à Paris.

En 1919, il est monté en Israël avec sa famille et a choisi de s’établir à Jérusalem. Il a construit sa maison dans le quartier de Reh’avia. Il a été nommé, dès 1920, à la tête de la Commission sioniste de la Palestine, qui venait de passer sous mandat britannique.

Sous son influence, le mouvement sioniste a activement soutenu l’établissement de villages agricoles, d’institutions éducatives et culturelles et d’écoles polytechniques juives – dont plus tard le Technion. En 1923, Ussishkin a été élu président du Fonds national juif qu’il a dirigé jusqu’à sa mort. Ussishkin était à l’origine d’importantes acquisitions de terres dans les vallées de H’efer, de Jezreel et de Beit She’an.

A l’occasion de son 70e anniversaire, le comité de quartier de Reh’avia, à Jérusalem, a décidé, pour l’honorer, de changer le nom de la rue où il résidait et de l’appeler Reh’ov Ussishkin.

Menahem Ussishkin et son épouse Esther ont eu deux enfants, Rachel et Shmouel. En 1923, sa fille Rachel a épousé Shimon-Fritz Bodenheimer, fils d’une grande figure sioniste d’origine allemande, Max Bodenheimer. Parmi les prestigieuses personnalités invitées à la noce, se trouvaient Sir Herbert Samuel, premier Haut-Commissaire britannique en Palestine, et son épouse. Le mariage a été célébré par les deux grands rabbins d’Israël, le Rav Avraham Itshak Hacohen Kook et le Rav Yaakov Meir.

Menah’em Ussishkin est décédé le 11 Tichri 5702, 2 octobre 1941, à Jérusalem à l’âge de 78 ans. Conformément à sa demande, il a été enterré près de la ‘Grotte de Nicanor,’ dans le jardin botanique du campus de l’Université Hébraïque du Mont Scopus, Har Hatsofim.

David Ussishkin, professeur d’archéologie à l’université de Tel Aviv, est l’un des petits-fils de Menah’em Ussishkin. Il a écrit un livre sur la vie de son grand-père et sur l’histoire de sa famille, ‘afin que ses descendants puissent connaitre leur passé’, comme il l’a précisé dans sa préface.  

* ‘Bilou’, initiales du verset ‘Beth Yaakov Lehou Venelh’a’ (Maison de Jacob, venez et nous nous en irons) extrait du livre d’Isaïe (2-5), était le nom d’un groupe de jeunes juifs russes qui souhaitaient s’établir sur la terre d’Israël. Le mouvement Bilou a été fondé en Russie en janvier 1882 par des étudiants, sous l’impulsion d’Israël Belkind (1861-1929). Cette initiative a été prise à la suite de pogromes dont les Juifs russes ont été les victimes dans le sud de la Russie.