Le 31 juillet 1968, le Baas a pris le pouvoir en Irak à la suite d’un coup d’Etat militaire. Il a mis alors en place un Conseil de la Révolution et a nommé à la tête du pays le général Ahmed Hassan al-Bakr. Le nouveau régime, qui était dictatorial, a décidé d’éliminer tous ses opposants sous prétexte qu’ils ‘menaçaient sa stabilité’.
Les dirigeants irakiens ont alors persécuté de nombreux Juifs, les accusant à tort d’espionnage au profit d’Israël et de l’Occident. Ils ont par ailleurs organisé des procès publics à l’issue desquels, en 1969, quatorze citoyens irakiens ont été mis à mort. Les victimes : 9 Juifs, 3 Musulmans et 2 Chrétiens.
Avant la pendaison, qui a eu lieu le 27 janvier sur la place Tah’rir, lieu central de Bagdad, capitale du pays, la radio locale a appelé les citoyens à venir assister à l’exécution. Plusieurs centaines de milliers de personnes se sont déplacées pour ‘célébrer l’événement’. Trois autres juifs qui avaient également été arrêtés ont été exécutés le 26 août 1969.
Ces graves exactions ont suscité des critiques de la part d’Israël et d’autres pays, bien que le secrétaire général de l’ONU, U Thant, ait refusé de discuter de la question lors de l’assemble générale de l’organisation, prétendant qu’il s’agissait d’une affaire interne irakienne. Toutefois, selon les dires du Premier ministre israélien de l’époque Levy Eshkol, U Thant aurait tenté malgré tout d’intervenir auprès des autorités irakiennes.
De 1948 à 1998, 63 Juifs ont été assassinés en Irak. Quant aux familles des neuf Juifs pendus, elles n’avaient pas été averties du sort tragique qui allait être réservé à leurs proches et n’avaient pas non plus été autorisées à être présentes lors de leurs obsèques. Les autres victimes ont été enterrées de nuit, en présence d’un représentant de la communauté juive mais les familles n’ont pas pu assister à leur inhumation.
Ces événements ont durement touché toute la communauté, dont beaucoup de membres étaient en prison, alors que d’autres étaient licenciés ou avaient perdu tout moyen de subsistance. Les jeunes n’ont pas été autorisés à étudier dans les universités, les membres de la communauté ne pouvaient pas quitter leur ville natale et ils n’avaient donc aucun espoir de mener une vie normale. Lorsqu’il leur a été permis d’émigrer, environ un an plus tard, la plupart d’entre eux ont fermé leurs maisons et sont partis pour toujours. Au début des années 1970, la majorité des Juifs irakiens avaient quitté leur pays et avaient immigré en Israël.
Des monuments ont été érigés en Israël pour rendre hommage aux malheureuses victimes exécutées à Bagdad. L’un d’entre eux se trouve à Or Yehouda et un autre à Ramat Gan.
Par ailleurs, chaque année, une cérémonie commémorative est organisée au Centre du patrimoine des Juifs de Babylone à Or Yehouda. La directrice de ce centre, Aliza Dayan Hamama, a souligné pour la presse: « Parmi nous, ainsi que dans le personnel du Centre du patrimoine juif babylonien, se trouvent des gens qui ont vécu ce traumatisme et qui y font face quotidiennement. Nous considérons comme très important de marquer cette journée pour honorer la mémoire de ceux qui ont été assassinés et persécutés ».