Le missionariat n’est pas une vocation juive. En revanche, dans le monde sioniste religieux, il existe depuis un certain nombre d’années des groupes qui se forment dans divers endroits du pays pour tenter, en douceur et sans aucune coercition, d’influencer la population laïque ou peu pratiquante et de l’inciter à renforcer ses liens avec le judaïsme et ses traditions ancestrales.
C’est dans cette optique qu’ont été créés les « noyaux toraniques » dans tout le pays : des familles s’installent dans un quartier donné, soigneusement choisi, pour tenter de lui donner un caractère plus religieux et d’inciter la population à s’intéresser davantage aux valeurs juives. Pour asseoir leur influence, elles créent le plus souvent une yeshiva autour de laquelle elles gravitent et ouvrent de nouvelles structures éducatives destinées aux petits et aux plus grands.
Naissance du projet
Le projet du Gar’in Torani est né en 1968 avec l’initiative du Rav Tsefania Drori, installé à Kiriat Shmona après des études à la yeshiva de Merkaz Harav (fondée en 1924 par le Rav Kook et considérée comme la plus représentative du sionisme religieux). Lorsqu’il s’est rendu compte de la situation difficile dans la ville, il a décidé de créer sur place un noyau de familles religieuses sionistes qu’il a fait venir dans la ville en vue d’œuvrer tant dans le domaine éducatif que social. Pour atteindre son objectif, il a créé une yeshivat Hesder (établissement proposant à des jeunes gens religieux des études juives en alternance avec leur service militaire).
L’idée a fait son chemin et dans les années 70, un centre de formation de rabbins pour les zones périphériques a été ouvert à Mevasseret Tsion sous l’impulsion d’un juif américain Zeev Wolfsohn, qui a créé aux Etats-Unis une fondation soutenant financièrement de nombreuses institutions religieuses en Israël et en diaspora. Ce centre, appelé Kollel Meretz (à ne pas confondre avec le parti d’extrême gauche !!), était dirigé par les rabbins Shabtaï Zelikowitz et Ouri Cohen.
Par la suite, les « noyaux » se sont multipliés, voyant le jour entre autres à Maalot puis à Eilat, Yerouham, Safed et un peu plus tard à Beth Shemesh et dans des villes de développement.
Cette tendance s’est renforcée dans les années 90, avec l’ouverture de nombreux « gareinim », notamment dans des villes comme Tel Aviv et Ramat Gan. Aujourd’hui, on en compte une cinquantaine.
De nombreux jeunes couples, qui souhaitaient au départ s’installer dans des localités de Judée-Samarie par idéalisme, ont renoncé provisoirement à leurs aspirations pour apporter leur contribution à la société israélienne en tentant de lui insuffler des valeurs juives.
Ses objectifs
Chaque groupe se distingue, de par sa composition et son programme, mais tous poursuivent un but commun bien précis, consistant à créer un « pont » et à établir un dialogue entre le public religieux et le reste de la population, plus éloignée du judaïsme.
Un exemple parmi d’autres : le « Garin Torani » de Ramat Gan
Le Rav Yoshoua Shapira, directeur de la yeshivat hesder de Ramat Gan, est une figure dominante dans le monde sioniste religieux. Ancien élève de la yeshiva de Merkaz Harav, il s’inspire dans son enseignement de la pensée du Rav Kook, tout en puisant également dans les sources du Hassidisme, essentiellement dans les écrits des mouvements Habad et Breslav. Le Rav Shapira enseigne à l’université Bar Ilan et dans d’autres centres éducatifs.
Le « Garin » s’est développé progressivement autour de la Yeshiva. Une partie des pères de familles étudient à la Yeshiva et certains autres sont des anciens élèves de l’institution. Se sont jointes à eux de nombreuses familles souhaitant faire partie du projet. Cette fois, elles n’ont pas créé de nouvelles structures éducatives, mais ont plutôt cherché à intégrer celles qui existaient déjà en vue d’améliorer leur niveau. L’arrivée massive de ces familles a permis d’empêcher la fermeture d’écoles ou de jardins d’enfants dépendant de la municipalité, qui manquaient d’effectifs.
Le ‘Gar’in’ de Hadar, à Haïfa
Il ne faut pas forcément être religieux pour souhaiter la présence de familles pratiquantes au sein d’un environnement assez complexe. Le maire de Haïfa Yona Yahav, qui depuis a été remplacé par Einat Kalisch-Rotem, en a été à l’époque de son mandat la preuve vivante : il avait compris que des jeunes couples du courant sioniste religieux, animés d’un idéalisme et d’un désir de partager, pouvaient apporter une large contribution au développement du quartier d’Hadar. Sa présence à l’inauguration d’un nouveau centre, dans une ancienne synagogue fermée depuis près de dix ans, était donc tout à fait naturelle et très appréciée et il s’est exprimé à cette occasion avec beaucoup de chaleur.
Le ‘Garin’ de Hadar a été créé par l’association Shaalei Tora, dirigée par le Rav Rahamim Nesimi. Shaalei Tora, qui a déjà fondé de nombreux ‘Gareinim’, s’est fixé pour mission de ‘construire un Israël plus fort’ et de ‘planter de nouvelles semences pour une société plus florissante’. C’est dans cet état d’esprit qu’elle œuvre à stabiliser et renforcer les villes de développement et les communautés en détresse dans tout le pays.